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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/248

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LE SURVENANT

que le richard qui échappe ses grosses piastres seulement quand il en a de trop ?

— Ah ! je sais pas, mais en tout cas, c’est moins forçant. Et penses-tu qu’on lui a rien donné au Survenant, nous autres ? Il était à même de tout.

— Oui, dit Marie-Amanda, mais si tu donnes et que tu prends plaisir à t’en vanter, que t’es toujours à le renoter à tous les vents, pour moi c’est comme si tu donnais rien, puisque des deux, t’es celui à en avoir le plus de profit.

— On appelle ça de la charité d’orgueil, affirma Alphonsine. Le Survenant, lui, avait le tour et il possédait le don !

— Ouais, le vrai don ! répondit Amable : le don de tout prendre avec l’air de donner mer et monde.

— Tu seras donc toujours de la petite mesure, Amable, lui reprocha Marie-Amanda.

Amable s’emporta :

— Voulez-vous me faire damner, vous deux ? Mais quoi c’est que vous avez tous à vous pâmer devant lui ? Vous a-t-il jeté un sort, le beau marle, avec ses chansons ? Depuis un an, il fait la loi au Chenal du Moine. Icitte il était comme le garçon de la maison. Ben plus même. Il dépensait notre argent. Il a fait boire Joinville Provençal. À vous entendre il a pilé sur le cœur d’Angélina Desmarais. Et c’est pas tout ; le père, là… oui, le père Didace…