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Au presbytère de Sainte-Anne, la ménagère s’affairait autour du poêle. À travers la vitre elle vit s’avancer le père Didace et lui fit signe d’entrer sans frapper. Respectueux de la grande propreté oui régnait dans la cuisine, il resta à piétiner sur le rond de tapis près de la porte.

— Approchez. Vous arrivez dans le bon temps, père Didace. J’ai justement trois sarcelles à mijoter à la daube. Goûtez-y et vous m’en donnerez des nouvelles.

Indifférent, contre son habitude, à l’odeur forte et savoureuse embaumant toute la pièce, le père Didace refusa :

— Pas à midi. J’ai pas faim. Et mon monde m’attend chez le commerçant. Je voulais simplement dire un mot à monsieur le curé.

Le curé Lebrun entra bientôt.

— Ah ! père Didace ! Quel bon vent pour la chasse n’est-ce pas ?

À son arrivée au Chenal du Moine, une trentaine d’années auparavant, le curé Lebrun avait pris goût à la chasse ; mais il n’était jamais parvenu à s’initier à tous ses imprévus. Le père Didace, par esprit de taquinerie, ne manquait jamais une occasion d’en