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LE SURVENANT

Le travail lui semblait naturel et facile. L’œil se reposait à la voir apporter à l’accomplissement de toutes choses des gestes si précis, si paisibles. D’une main loyale et sûre d’elle-même elle assaisonnait le manger, ou pétrissait le pain, de même qu’elle tordait le linge et faisait le ménage. S’il venait à manquer quoi que ce soit dans la maison, elle n’avait qu’à le dire. Aussitôt c’était à qui attellerait Gaillarde et courrait à Sainte-Anne, même à Sorel, acheter ce qu’il fallait, sans que personne trouvât à redire. Venant lui enseigna même le moyen de faire du pain sans lice. Phonsine, qui avait tant de peine à se faire aider d’Amable, enviait à Marie-Amanda son secret d’obtenir une si prompte assistance de chacun. Tandis qu’Angélina, de voir le Survenant si empressé auprès de Marie-Amanda, s’appliquait en cachette à copier les manières de son amie.

Noël approchait. Venant ne suffisait pas à emplir la boîte à bois. Il triait même le bois fin, et recherchait surtout le bouleau renommé pour donner un bon feu chaud.

Après avoir apprêté comme autrefois l’ordinaire des fêtes avec ce qu’il y a de meilleur sur la terre, le matin du vingt-quatre décembre, Marie-Amanda se mit à voyager, comme autrefois, du garde-manger à la grand-maison. L’heure était venue d’apporter la jarre de beignets blanchis de sucre fin, le ragoût