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LE SURVENANT

— D’la plorine, maman, j’veux de la plorine !

Marie-Amanda prit sa fille dans ses bras pour la manger de baisers. Le Survenant la lui enleva doucement mais lui dit d’un ton brusque :

— Vous devriez pas la porter de même : elle est ben trop pesante pour vous.

* * *

Peu après le commerçant de Sainte-Anne arriva. Il s’engouffra dans la cuisine, en même temps qu’une bouffée d’air gelé. Il arrivait toujours en coup de vent ; on aurait juré que rien ne saurait le retenir une minute de trop et, à chaque maison, il prenait le temps de fumer sa pipe et de s’informer de tous les membres de la famille.

— Puis le père Didace, il est toujours veuf ? Crèyez-vous qu’il fait un beau veuvage ! Les créatures lui feraient-ti peur, par hasard ?

Phonsine, pour le plaisir de le faire parler, observa :

— Elles sont pourtant pas dangereuses !

— Ah ! ma fille, on sait jamais. J’en ai connu qui étaient ben épeurantes… ben épeurantes !

— Lesquelles est-ce ?

— Des créatures, les cheveux tout mêlés en paillasse.