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MARIE-DIDACE

dace ? Voulez-vous que je redresse vos oreillers ? Vous devez être mal, la tête basse, de même ?

Dans sa hâte de devancer la bru, l’Acayenne s’accrocha au coin du chiffonnier. L’angle du meuble entra dans les chairs de sa hanche. On entendit l’étoffe qui craquait, puis un faible cri de douleur, puis :

— Ce chiffonnier-là, une bonne fois, je le mettrai de bisc-en-coin. Et avant longtemps, je me le promets.

— Pour faire vos changements, attendez, madame Varieur, dit Phonsine, étonnée elle-même de son audace subite.

Le père Didace, des yeux, lui signala de se taire et de fermer la porte. Quand ils furent seuls, il la fit se pencher près de lui.

— Tâchez de vous arrimer pour pas trop vous chicaner. Faut pas trop lui en vouloir. Elle a mangé de la grosse misère, ça l’a endurcie. Puis elle aime ben à mener. Mais patiente ! T’auras ton tour.

Peu de temps après la mort d’Amable, Didace avait fait un testament en faveur de Marie-Didace.

— T’auras ton tour !

Il s’arrêta, crispé de douleur, la main sur la poitrine. À pas feutrés, Phonsine s’éloigna du lit. Aussitôt il la rappela :

— Fais-toi aimer de ta petite.