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MARIE-DIDACE

— Regarde, pe-père, il mange des petites mouches. Il réchappe déjà sa vie.

Didace le prit dans ses mains arrondies en forme de nid ; mais le caneton ayant laissé sa carte sur le drap net, il le remit à l’enfant.

— Tu vas te faire gronder. Va jouer, la petite. Laisse la porte ouverte.

Un instant après, on entendit le père Didace qui parlait tout haut :

— C’est toi, un ami de cinquante ans, qui me trahis ? C’est toi ?

Angélina s’approcha. Par la fente de la porte, elle le vit qui fixait son fusil.

— Il fait des reproches à son fusil, expliqua-t-elle la voix basse.

— Vous voyez ? dit l’Acayenne en se tournant vers les femmes. Il l’avoue qu’il a pris du mal à la chasse. Son fusil a pu repousser, on sait jamais.

— S’il bourrasse, c’est bon signe, dit Phonsine, pour s’encourager.

— En tout cas, je voudrais pas pour ben de quoi qu’il passe le dimanche sur les planches, dit Laure Provençal, parce qu’un mort sur les planches, le dimanche, c’est de la mortalité dans l’année.

Phonsine entra dans la chambre :

— Avez-vous besoin de quelque chose, père Di-