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MARIE-DIDACE

lettre à son adresse. D’ordinaire, elle s’intéressait davantage aux prix et à la marchandise qu’au courrier.

« J’ai commandé des grainages par la poste », expliqua-t-elle, le visage rouge, mentant mal.

— Ah ! cré yé ! tu vas ensemencer de bonne heure, dit le commerçant flairant quelque mystère.

Comme il s’éloignait, elle mit la tête dans l’entrebâillement de la porte, la main sur la bouche afin de ne pas avaler d’air froid, et lui cria :

— À votre prochain voyage, rapportez-moi donc une estampille de deux cennes. En cas…

Mais le lendemain, elle n’y tint plus et se rendit à Sorel choisir des cartes postales illustrées. Un restaurant en exposait à tous les goûts. Pour l’infirme habituée à ne jamais dépenser un sou mal à propos, la moindre emplette méritait de la considération. Le jeune commis, pressé d’aller rejoindre sa blonde à l’arrière-magasin, débita à la course, à mesure qu’il tendait des cartes à Angélina :

— Ça, c’est une Paimpolaise… Vous savez, Botrel ? Angélina haussa les épaules.

— Mon doux, la chanson : « J’aime Paimpol et sa falaise, son église et son grand pardon, j’aime surtout la Paimpolaise… »

Angélina examina le costume de la femme, son fichu de dentelle, et, dans ses cheveux, le grand