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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/131

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MARIE-DIDACE

calier étroit. Au lieu d’expliquer calmement à son père que Phonsine était allée consulter le médecin et qu’il l’avait envoyée avec Joinville afin de ménager les chevaux, il se planta devant sa belle-mère, criant comme un perdu :

— Salissez pas ma femme ! Phonsine est pas de votre race. Elle est respectable. Salissez-la pas, elle est en famille.

La main levée, il la menaça :

— Vous allez la respecter ou ben vous prendrez la porte, je vous le promets.

De son poing fermé, Didace lui rabattit la main :

— Arrête. Laisse ta mère tranquille !

Il voulait dire : ta belle-mère. Dans l’excitation, le mot lui avait échappé.

— Ma mère… c’te langue sale-là ?

Sa mère, Mathilde, la sainte femme, qui n’avait rien à soi, qui pouvait s’arracher le cœur pour combler les autres.

Des souvenirs se bousculèrent en lui : les fréquentes absences de Didace durant son veuvage, ses randonnées à Sorel avec le Survenant, les taquineries des propriétaires de Maska, à la barrière, sur ses espoirs de paternité. Il dit à Didace :

— Vous aviez beau à pas vous marier : Pourquoi acheter la vache quand on a le lait pour rien ?

L’insulte, pire qu’un crachat, vola à la face de