Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 12 —



Il devait être près de quatre heures quand Phonsine revint à la maison, l’après-midi. Amable était seul. À son air taciturne, elle comprit que tout n’allait pas bien. Sans attendre, il lui fit le récit de la querelle, en atténuant toutefois ses propres remarques.

Ne retenant d’abord que les insultes que l’Acayenne lui avait décernées, Phonsine s’indigna :

— Ah ! la grosse morue d’Acayenne ! Elle, du moment qu’elle fait son lard ! Non, mais, ça mériterait pas d’être pendue au clocher de l’église ? En tout cas, j’aime autant ma propreté que la sienne… Si on dirait pas qu’on est de la vermine à côté d’elle !

Le reste de la querelle lui revint à l’esprit :

— Je te blâme pas de partir, dit-elle à Amable. Il y a un bout pour endurer. Appareille-toi vite, avant que les deux autres reviennent.

— Tu veux que je parte ? demanda Amable, au comble de l’étonnement.

— Quoi ? C’est pas que ce que tu viens de dire ? C’est pas ce que t’as dit à ton père ?