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MARIE-DIDACE

— Et de ? répéta Phonsine.

— Oui… du Survenant !

— Amable !

Phonsine croisa les bras sur son ventre comme pour protéger de l’insulte l’enfant :

— Tu devrais avoir honte !

Se repentant aussitôt, Amable attira sa femme, lui releva les cheveux et, gauchement, l’embrassa près de l’oreille.

— Veux-tu que je reste, Phonsine ? supplia-t-il tout bas.

C’était la première fois qu’il lui manifestait une pareille tendresse. Elle dut se raidir pour ne pas céder :

— Écoute, Amable, si tu restes, si tu te laisses faire, ça sera la fin. On doit le respect à ton père, mais il faut tout de même pas qu’il nous manque d’égards non plus. Il a bon cœur, je l’admets, mais tu sais, il est de chair humaine comme les autres. La leçon lui fera pas de tort. Puis, on est-ti pour se laisser dépouiller par l’autre ? Elle a le trait sur nous deux. Du train qu’elle va là, elle se fera tout donner. Ton père mort, on sera dans le chemin. Il est temps qu’on lui ouvre les yeux. Pense au petit qui s’en vient…

Amable voulut se raccrocher à l’enfant :