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MARIE-DIDACE

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Le soulagement que Phonsine avait éprouvé à constater que les étrangers ne lui apportaient point de mauvaises nouvelles d’Amable fut de courte durée. Aussitôt elle retomba dans son inquiétude. Son front, puis le haut de ses joues prirent le masque de la grossesse. Elle mangeait à peine. Et de savoir son état l’objet des conversations, des discussions et des calculs, elle se sentit frustrée en sa personne, et plus abandonnée.

Si le départ d’Amable fit rêver quelques jeunes gens, il laissa indifférents la plupart des hommes. Amable, quitter le Chenal du Moine ? On le connaissait trop bien pour ce qu’il était : une sorte d’herbe qui pousse tout en orgueil. Un bon matin, il aurait repris sa place à la maison, Amable comme devant.

Mais les femmes ne se rassasiaient pas d’en parler. Elles en voulaient à Phonsine d’avoir si bien gardé le secret de sa grossesse, quoique l’une et l’autre prétendissent s’en être aperçues depuis longtemps à tel et tel signe.

Une après-midi qu’elles étaient réunies chez les Provençal, la mère Salvail augura :