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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/155

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MARIE-DIDACE

Du bout de ses doigts maigres, elle en flatta les feuilles veloutées :

— Il est à la veille, à la veille de fleurir. Faudra que t’en prennes bien soin, lui donner du soleil et de l’eau, mais pas trop. Moyennement. Prends-en bien soin, tu m’entends ? Parce que, si tu le laisses dépérir, je viendrai te l’ôter, aussi vrai que t’es là, je te le promets

Phonsine, les yeux dans l’eau, s’efforça de sourire, mais elle éclata en sanglots.

Angélina la prit près d’elle :

— Voyons, faut que tu sois plus courageuse que ça. Oublie ta peine : elle s’en ira. Pense à la joie qui s’en viendra. Si tu tricotais, ça t’aiderait à passer le temps. Veux-tu que je te monte un tricot ?

— J’ai essayé, répondit Phonsine. Mais je perds la centaine à tout coup.

— Pourquoi que tu couds pas d’abord ? C’est moins mêlant. Tiens, j’ai pas mal tissé de laine, à l’hiver. Je peux t’apporter les bouts de pièces, si tu veux. Dans les peines, tu trouverais de quoi faire des belles bonnettes pour ton petit.

Phonsine, pour toute réponse, regarda au loin. Puis elle dit :

— J’aurais jamais cru, Angélina, que c’était dur de même d’attendre quelqu’un.