Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
MARIE-DIDACE

tanier, qui venait de loin, avec l’espoir d’un recommencement. Amable reviendrait bientôt. Après le coup d’eau et les grandes mers de mai, un autre mois, et tout reverdirait. Quelques mois encore et les joncs bleus sortiraient de l’eau. On serait en été. L’odeur du sarrasin… Le premier coup de faux… l’entame du champ d’avoine. Les femmes travailleraient au jardinage. Ce petit enfant devrait apporter la paix entre elles. Puis, en été, les femmes s’écoutent moins…

Un rayon léger obliqua dans la brume. Le soleil parut. La neige avait fondu. Des ronds de terre entouraient les arbres.

Didace vit des bourgeons roux, aux ramilles d’un liard, et, à la tête, cinq merles tout penauds, les premiers arrivés.

* * *

Des enfants, à la sortie de l’école de Sainte-Anne de Sorel, trouvèrent Phonsine prostrée contre la clôture. Ils coururent au magasin en avertir le commerçant qui s’empressa de la reconduire chez elle.

— C’était de prendre un charretier, s’indigna le père Didace, quand il sut que Phonsine avait marché de Sorel à Sainte-Anne.

Mais il la vit, pitoyable près du poêle, un petit châle serré sur sa poitrine, la déformation de son