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MARIE-DIDACE

Ils ne font plus qu’un. La paroisse parle plus fort que leur personne.

La lanterne à la main, Didace sortit, précédant l’engagé. Tout en l’aidant à atteler les deux chevaux de trait, il lui recommanda :

— Surtout amuse-toi pas en chemin, parce que je le saurai et tu te souviendras de moi.

Et il pensa à Angélina.

— Ce serait p’t’être pas un mal que t’arrêtes chez elle en même temps pour lui demander son aide.

Puis il se trouva seul. Seul, désœuvré, il se dirigea vers les bâtiments. Une tiédeur animale se dégageait de l’étable.

C’est cette nuit que Didace, fils de Didace, va naître. Le septième Didace.

Tout son sang crie d’une clameur qui sourd de la race ancienne.

C’est cette nuit !

Didace ne vit plus d’impatience, lui qui connaît pourtant les lois de la nature, lui qui sait qu’avant de le faucher, il faut accorder à l’épi le temps de se gorger de pluie et de soleil, et qu’il ne sert de rien de vouloir hâter le fruit de mûrir.

Cette nuit !

Et Amable n’est même pas là pour recevoir l’enfant !