Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
MARIE-DIDACE

Pierre-Côme avait contracté l’habitude de peser toute question avant de donner sa réponse. Mais cette fois, sans attendre, il fit signe que oui.

Un bref éclair de satisfaction anima le visage de Didace :

— Dans ce cas-là, je te prête la Gaillarde. Tu sais si elle se comporte ben quand elle est de cérémonie !

Elle, au moins, ne lui faisait pas défaut. Dire que, la nuit précédente, il l’avait tassée contre l’entre-deux, dans l’étable, parce qu’elle ne quittait pas la litière assez vite. Il revoyait son grand œil liquide, étonné.

Bientôt il tomba dans un profond abattement. La main sur la clenche de la porte, Pierre-Côme cherchait quoi dire à Didace pour lui faire comprendre qu’il partageait son malheur. À vrai dire, lui et Didace n’avaient pas toujours marché la main dans la main. Mais que sont, entre voisins, quelques gros mots, des chicanes même, un affût brûlé et l’amende, quand les coups portent franc et que le poing va plus de l’avant que la rancune du cœur ? Toutes choses de nature à renforcer plutôt qu’à affaiblir la véritable amitié.

Puis ils avaient eu la même enfance — Tit-Côme, Tit-Dace — la même jeunesse, ils avaient joué les mêmes tours, couru les mêmes dangers. Ils s’étaient