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MARIE-DIDACE

sur le poing qu’elle essaie de ronger. Une risette, un hoquet. Elle a trois mois. De nouveau, les voisines s’étonnent :

— Ma grand’foi, on dirait ben qu’elle veut profiter.

De semaine en semaine, de jour en jour, le mystère s’opère. Marie-Didace vit. Elle s’éveille à la connaissance des gens de la maison. Maman : un corsage noir et dur, où sa petite tête se heurte à chercher en vain un coin propice au sommeil. Memère : un vaste corsage fleuri, moelleux et chaud, qui se soulève en grandes vagues et en chansons.

Phonsine, déjà jalouse, veut reprendre l’enfant.

— Donnez ! dit-elle.

Mais Marie-Didace enfonce davantage sa tête dans le creux chaleureux, entre le bras et le sein de l’Acayenne.

— Tu vois ben qu’elle veut dormir. Elle fait sa niche. Ah ! la canaille de canaille !

La chaise fait entendre un craquement berceur :

— Berce… Berce… la petite… berce… berce…

Les yeux de Marie-Didace se ferment.

* * *

Mais le héros, le champion de la maison, c’est le père Didace. À un an et demi, Marie-Didace le