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MARIE-DIDACE

— Vous le cherchez en pure perte, murmura-t-elle. Il est aux champs et il peut pas laisser. Les foins sont commencés rien que d’à matin.

— Ah ! firent l’un et l’autre.

— Puis, vous pensez pas, continua Phonsine, qu’il est de bonne heure, au mois d’août, pour chasser le canard ?

— Plus il est jeune, plus il est tendre. Puis Pierre-Côme fait ses foins. Vous comprenez ? C’est en plein le bon temps.

Devant leur insistance, elle finit par céder, surtout de crainte que le père Didace n’apprît plus tard son refus.

Un large chapeau de paille rabattu sur les yeux, afin de se garantir des coups de soleil, Phonsine laissa la cour, où des torchons de vaisselle blanchissaient sur l’herbe. Assis sur le bord de la galerie, les hommes, la pipe au bec et les jambes pendantes, la suivirent des yeux. Soudain ils se sourirent, étonnés de la voir, plutôt que de prendre le sentier de raccourci longeant le puits, s’allonger, malgré la chaleur, et contourner les bâtiments, d’un pas nerveux et vif, en contraste avec son peu d’empressement précédent. Une fois les communs dépassés, elle retrouva son allure somnolente. À longs pas