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MARIE-DIDACE

— Quoi c’est que t’éprouves quand tu tombes dans le puits ?

— D’abord, ça m’attire. Après… ben c’est la mort. Je meurs à tout coup.

— Puis le lendemain ?

— Je sens une fatigue, une pesanteur par tout le corps. J’ai mal à tous les membres. Je vous dis, je reste moulue comme après une grosse journée de battage au moulin.

Le docteur caressa sa barbe pensivement. Se renversant dans son fauteuil à bascule, les mains jointes sur son ventre qu’un pantalon serré rendait plus proéminent, l’œil vague, il se perdit en réflexion. Seul remuait parfois le gland du bonnet grec dont il se coiffait dans la maison, même l’été, afin de protéger son crâne chauve contre les courants d’air. Soudain, apercevant une charge de bois qui pénétrait dans la cour, il se précipita au dehors pour diriger le charretier vers la remise. Puis il revint à son attitude méditative, sur son siège, non sans avoir relevé les pans du frac noir qu’il portait, d’une année à l’autre, plutôt par respect pour sa profession que par vanité, car, fils d’habitants, il était demeuré familier avec eux. Phonsine attendit qu’il parlât.

— Je vois rien de grave dans ton cas, conclut-il. Il y en a qui font des sauts en l’air dans leur lit quand ils s’endorment. Toi, c’est le contraire : tu