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MARIE-DIDACE

chape de laine, mais il rejeta la couverture en disant :

— Faites-le dire… à…

— À Pierre-Côme ?

Il fit signe que oui.

— Puis… à… Marie-Amanda…

Marie-Didace, heureuse de se rendre utile, courut chez les Provençal.

***

Le curé Lebrun prit place, dans la voiture légère, à côté de Pierre-Côme Provençal. Aussitôt la petite jument rousse détala, un nuage de poussière à la suite, sur le chemin du Chenal du Moine.

Au passage du cortège, des hommes aux récoltes, çà et là dans les champs, s’immobilisèrent, dressés comme des cierges sur quelque immense autel. Pénétrés à la fois du regret de voir l’un des leurs sur le point de mourir et pénétrés de la secrète satisfaction de ne pas être encore, eux, le choix de la mort… Dans la paroisse, on savait déjà que Didace, fils de Didace, recevait une dernière fois la visite du prêtre.

La gorge nouée de chagrin, le curé Lebrun se taisait. Lui et Didace avaient souvent fait le coup de fusil ensemble. Un passé de plus de trente ans