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MARIE-DIDACE

le sang du cœur. Bonne ? Une femme qui m’a pris ma tasse ! ma place ! mon mari !

Phonsine criait.

— Pas si fort ! lui dit Marie-Amanda. Ils vont t’entendre.

— Ben, qu’ils m’entendent ! Tant mieux !

Maintenant rien ne pouvait l’arrêter de parler :

— Puis elle veut m’ôter ma petite ! la terre ! tout mon butin ! T’entends ? J’m’en vas à la besace. Toute seule. Dans le chemin. Je serai renvoyée.

— Troubles-tu ? demanda Marie-Amanda. Tu sais ben que la terre appartient à Marie-Didace ? L’Acayenne peut rien dessus. Brode donc pas d’histoires.

— Tu penses ça ? Si tu savais comme elle a la maîtrise sur tout. Je sais p’us de quel bord me tourner. Des fois, c’est ben simple, je me demande ce que le bon Dieu peut vouloir de moi…

Une vive douleur aux reins cambra Marie-Amanda. Son huitième enfant ne tarderait guère à naître. La voix entrecoupée, elle dit :

— Au lieu de toujours trouver à redire sur elle, si tu t’arrimais pour pas te chicaner. On dirait que tu le fais exprès. Après tout, t’as ni maux, ni mal…

Phonsine pâlit. Ainsi c’était toute l’aide qu’elle pouvait attendre de Marie-Amanda : des reproches, des reproches, puis des noix longues.