Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
MARIE-DIDACE

* * *

À la nuit tombante, le jeune couple retourna à la maison. Amable refusa de prendre place à table. Il referma sur lui la porte de la chambre à coucher où Phonsine le retrouva, effondré sur le lit. Elle alla dans la cuisine lui chercher une tasse de thé chaud. Assis côte à côte, le père Didace et l’Acayenne causaient à voix basse. À l’approche de la bru, ils éloignèrent leurs chaises et se turent. Mais le vieux continua à couver des yeux sa femme qui lui souriait.

« À leur âge ! », pensa Phonsine, le visage rouge d’indignation, comme si la tendresse fût le pain de la jeunesse seulement.

Après qu’Amable eut bu son thé, elle éteignit la lampe et s’étendit à ses côtés, entre les draps de laine, un bras passé autour de son cou. Des frissons parcoururent les épaules d’Amable. La main de la jeune femme s’immobilisa.

— Tu pleures ? lui demanda-t-elle.

De grosses larmes chaudes roulèrent sur sa main.

— Tu pleures !

À la fois sensible à la peine d’Amable, et gênée