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MARIE-DIDACE

soleil. L’or scintillait de partout ; dans les clairières, sur les berges, parmi les chaumes, de touffe en touffe, d’une île à l’autre, à la cime d’un liard, comme aux plus basses branches de saule, l’or jaune des trembles, l’or fauve du cornouiller fin, l’or blond emmêlé aux longs cheveux des rouches. Au loin la Pèlerine tinta.

— Quoi c’est que t’écoutes ? demanda Marie-Didace. Les globes qui sonnent ?

— Pas des globes, corrigea Angélina, la voix étranglée, des glas. Oui. Encore des glas.

— Courons, dit l’enfant, qui cherchait à l’entraîner.

L’infirme n’avançait pas aussi rapidement qu’elle l’eût voulu. Elle n’osait questionner Marie-Didace de peur de raviver son chagrin. À chaque pas, elle priait : « Mon Dieu, épargnez-nous un nouveau malheur. » Près de la palissade, dans le jardin, aux rosiers un bouton solitaire, qui ne serait jamais rose, se mourait. Le mystère de ces humbles destinées la rendait toujours mélancolique. Elle se reprocha d’avoir négligé la plante moins belle que les autres. À la première journée libre, elle transplanterait le rosier en meilleure terre.

Une haie de tournesols, avec quelques soleils secs parmi les fanes, cachait les alentours de la maison des Beauchemin. Quand l’infirme et l’enfant l’eurent