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MARIE-DIDACE

— Manquerait plus que ça que tu te laisserais mourir de faim !

Il lui servit encore trois pommes de terre brunes puis de la sauce, à pleine louche, et, se ravisant, ajouta une quatrième pomme de terre.

— Tiens, vieille, mange à ta faim.

L’Acayenne baissa les yeux, en entamant la viande.

— C’est pas de ce que j’ai faim, comme j’ai l’estomac faible.

Après la première bouchée, elle s’arrêta de manger. Sans un mot, du regard, l’Acayenne explora la table. Puis, elle fit mine de se lever. Didace comprit ; il ordonna, le ton bref :

— Phonsine, le thé ! Ça te prend ben du temps à te grouiller. As-tu l’onglée ?

Aussitôt la jeune femme fut debout.

— Rien qu’une goutte pour moi, dit l’Acayenne, tandis que Phonsine versait le thé à la rasade, dans les tasses, sauf dans la sienne qu’elle emplit aux trois quarts seulement.

En retournant à sa place, Phonsine s’arrêta, stupéfaite : de nouveau l’Acayenne buvait dans sa tasse.

— Mais c’est ma tasse ! protesta-t-elle, prête à pleurer.

Dans l’espoir qu’ils prendraient sa défense, elle regarda les deux hommes, l’un après l’autre. Ama-