Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
MARIE-DIDACE

chant à peine sur son teint basané, le colporteur, perplexe, restait debout au milieu de la pièce. Il gardait les bras près du torse, les genoux serrés, comme s’il eût craint de perdre la moindre chaleur de son corps.

— Quiens ! Zarovitch ? T’es pas mort ? demanda le père Didace qui entrait en compagnie d’Odilon et d’Amable. Il alla s’asseoir à côté de sa femme.

— Il a le grain fin, le peddleur, lui murmura l’Acayenne en souriant.

Zarovitch céda à la prière des femmes, sans empressement toutefois. À mesure qu’il étalait de menus articles de pacotille, il les énumérait sur un ton de litanie :

— des couteaux à ressort… des épingles à couches… des bretelles… belles bretelles…

Il les étira. On comprenait difficilement sa voix faible à prononciation trop douce :

… des scaipulaires… des chaipelets… des peignes de corne… des peignes fins…

Clignant de l’œil vers les autres, Bernadette Salvail lui demanda :

— As-tu encore de ces beaux petits peignes de côté, comme t’avais la dernière fois, il y a deux ans ?

Le colporteur s’immobilisa. Il parut chercher en