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MARIE-DIDACE

— T’as senti les beignes, hein, ma sorcière ? lui dit Laure Provençal en jetant un regard de malice aux autres.

— Ça doit venir de su’ le voisin, répondit l’Acayenne qui avait saisi l’allusion.

Les rires éclatèrent dans la cuisine.

— Ôte une pelure, cria Laure Provençal à la mère Salvail, si tu veux pas rôtir.

— Laisse-moi le temps de me réchauffer au moins. On n’est pas à la tâche. Depuis deux jours, j’ai mes douleurs. Je pressens du mauvais temps.

— Hou donc ! hou donc ! ôte encore une pelure.

Elle avait un nuage de laine, un petit châle, une chape.

— Bonté divine, dit une des demoiselles Mondor, si elle continue à en ôter, il va ben lui rester rien que le trognon.

Trois prirent place aux côtés du métier, une à chaque bout, les meilleures piqueuses se chargeant des pointes les plus difficiles. Les mains se donnaient avec autant d’agilité à la tâche que les langues à la conversation.

— Nous ferez-vous un frâlic pour notre peine ? demanda subitement l’Acayenne à Laure Provençal.

— Un frâlic ? questionna Laure qui ne comprenait pas.