Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/107

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Tous furent dehors en un rien de temps. L’église de la petite paroisse qui tenait plus de l’humble chapelle de bois que du temple fastueux flambait tel un copeau dans l’air.

Tandis que la sirène déchirait l’air, silencieusement à la file les Pécotins s’engageaient sur le trottoir conduisant à l’église. Des femmes, les cheveux en désordre sous une casquette d’homme posée à la hâte, la main en visière, accouraient de l’impasse jusqu’au milieu de la grand’rue fouillant le ciel du regard dans l’espoir d’y découvrir quelque signe du sinistre. Les pompiers volontaires à moitié vêtus s’accrochaient à la première voiture qu’ils rencontraient sur le chemin. Des funérailles, une journée ; un feu, le lendemain : l’Anse-à-Pécot était en émoi.

Caroline assistait impassible au défilé quand soudain elle entendit un appel : une nouvelle pour le journal !

Vitement elle feuilleta le petit manuel du journaliste jusqu’au terme : incendie et nota à la hâte les renseignements qu’il lui faudrait obtenir : l’endroit et l’heure ; description de l’édifice et le degré de destruction ; la cause ; estimé des pertes et de l’assurance par le propriétaire ou un agent d’assurance seulement ; le nombre de personnes affectées ; les arrangements pour un autre local ; la durée de l’incendie ; les dangers aux édifices importants ; blessures aux pompiers ou spectateurs s’il y en a ; le nom de l’officier en charge de l’équipe des pompiers.