Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/138

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À onze heures et demie, elle décida donc de se mettre au lit et elle s’endormit d’un sommeil sans rêve.


Ce ne fut pas, comme dans les « beaux romans », un rayon de soleil doré ou le chant suave des oiseaux qui éveilla Caroline, mais le battement d’une jalousie et le pépiement de Darcinette et ses amies. Elles arrivaient, toutes excitées, d’une messe matinale au couvent. Malgré les protestations de Darcinette, la petite fille du shérif leur avait soutenu que le prisonnier était rentré à la prison, tard dans la soirée. À la hâte Caroline enfila une robe d’intérieur et s’en fut téléphoner au gardien. Elle reçut un choc en apprenant qu’un peu avant minuit, le prisonnier, vivement admonesté par ses parents, avait repris le chemin des cellules.

En sorte que le « People » annonça que l’évadé était toujours au large à minuit, tandis que le « World », rival reconnu du premier, criait à gros titres le retour du prisonnier.

C’est un dur métier ! réfléchit Caroline et quelle journaliste je fais ! Elle entendait sonner dans le lointain le gros rire d’Arcade : « Tu seras journaliste, toi ? »

De midi, elle dit à Mariange qui se chauffait au soleil :

— Si vous ou vos amies aviez connaissance d’un accident ou d’un incident tant