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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/148

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choses d'art.

Quand tu daignes parfois les baisser jusqu’à nous,
D’un tel enchantement baignent nos yeux d’artistes,
Que nous rampons, ensorcelés, à tes genoux !…

Les hommes, enchaînés à leur argile immonde,
Ne te devinent pas, errante par le monde,
Ô déesse, et visible aux seuls initiés ;
Et le public s’écrie : — « À bas cette chimère ! »
Mais nous faisons, ô notre Sœur et notre Mère,
Nos pleurs fervents et doux ruisseler sur tes pieds !

— Puisque l’homme vulgaire et dont la vue est brève,
Ô Fleur superbe, éclose à la tige du Rêve,
Splendeur conceptuelle, ô Reine du jardin
Idéal, n’a pour toi qu’ignorance ou dédain,
Je veux chanter ta gloire impérissable, Rose
Dont la sève est le sang du poëte, et qu’arrose
Le flot perpétuel des larmes de ses yeux ;
Rose mystique — et qu’un zéphyre harmonieux