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rosa mystica

aveu, quand nous aurons touché un mot de divers procédés de forme familiers au poëte des Fleurs du mal.

Ce despote qui, (pour accoupler de force au rhythme et au mot : pensée, sentiment, sensation), brutalise artistement son style — en sorte qu'il ne soit point défiguré, mais porte au front comme la terreur et l'humiliation de sa défaite — ce despote abdique souvent sa rigueur entêtée. Il est alors l'Orphée, ou mieux l'Amphion dont la magie créatrice s'exerce, non plus sur des pierres s'amoncelant en édifices — mais bien sur des mots, qui, à sa voix accourus, dociles à ses charmes, se mêlent et s'agencent en d'impérissables poëmes — spontanément : et le style se déploie, sans nulle trace de labeur ; ample, rhythmique et musical, en sa sérénité. L'on dirait d’un fleuve au repos, bleu profondément, lent et majestueux :

« Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne,
« Ô vase de tristesse, ô grande taciturne

ou encore :

« Mère des Souvenirs, Maîtresse des maîtresses.. »


Au cours du livre, on relève des négligences de