Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

 
La meule grince entre les cerches ;
Les chars gémissent dans les champs ;
Le houblon vert s’enroule aux perches
Et la fumée aux toits penchants.

C’est la grave et forte nature,
La mère aux seins démesurés
Qui fait lever de l’emblavure
Tout l’orgueil des labeurs sacrés,

Et qui, sentant sous les éteules
Frémir la mine aux longs couloirs,
Oppose aux dômes blonds des meules
Des montagnes de charbons noirs.

C’est la terre aux sonores villes
Où s’éveillèrent autrefois
Vos appels, libertés civiles !
Et vos révoltes, ô beffrois !

Dont les cloches semblaient épandre,
Sur les cités et les sillons,
L’âme héroïque de la Flandre
Dans la rumeur des carillons.