Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/103

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Kouraš sur un char blanc que trois cents cavaliers
Entourent, Tare bandé, frémissants et farouches,
Attend l’heure, immobile au pied des escaliers.

Une double clameur déchire et tord les bouches ;
Et du fleuve tari jusqu’aux mornes remparts,
Vibre dans Babilou l’éclair des torches louches.

Des pavés et des seuils, des toits, de toutes parts,
Comme un torrent subit le sang ruisselle et noie
Des monceaux charriés de cadavres épars.

La flamme hésite encore et va cherchant sa proie ;
Mais soudain, jaillissant comme d’un grand bûcher,
Dans la nuit qu’elle embrase elle siffle et tournoie.

Alors, tel qu’un veilleur debout sur un rocher,
Mardouk, du faîte altier de son temple, regarde
Le flux incandescent s’épandre et s’approcher.

L’Epouse délaissée, à genoux et hagarde,
Pleurant sur sa jeunesse et les derniers dédains,
Tend ses bras suppliants vers le Dieu qui la garde.

Mais lui, baigné de pourpre et de reflets soudains,
Rigide, affermissant le sceptre à lourde hampe,
Voit le feu qui déborde autour des vieux jardins.

Des assises de brique aux marbres de