Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/125

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Que tout mortel, entrant dans les funèbres murs,
Sur l’infernal chemin livre aux monstres obscurs.
Hors des marais prochains, des lacs hérissés d’îles,
Vous qui sortez, ô corps des quatre Crocodiles,
Vous qui tournez la tête et ne regardez point
Venir le combattant, debout, la lance au poing,
Arrière ! Il a rompu vos cuirasses squameuses,
Brisé vos dents, percé vos gueules écumeuses,
Et pour les absorber, tiré de leur prison
Les souffles reconquis du quadruple horizon !
Dans ses cheveux se tord la vipère frontale,
En vain le grand serpent siffle, rampe, s’étale
Et dévore le dos de l’Ane agenouillé ;
En vain, rouge de sang, près du billot souillé,
Le glaive inévitable étincelle et menace ;
En vain, comme un pêcheur fixant sa large nasse,
Dans les roseaux du fleuve, aux tournoyants reflets,
Le Plongeur de l’abîme a tendu ses filets ;
En vain, pour l’égarer, sous des cieux sans étoiles,
Le Nautonier perfide a déployé ses voiles :
Neb-Seni, sans effroi, lutte, triomphe et, tel
Qu’un Dieu toujours nourri de froment immortel,
Repoussant l’immondice, ayant vomi l’ordure,
Il mange le blé rouge et les pains sans souillure,
Aux sycomores saints cueille les fruits offerts,
Tandis que lentement, parmi les rameaux verts,
Nout, inclinant le vase où l’eau céleste abonde,
Lui verse la jeunesse et la vigueur féconde.
Les Dieux vivent en