Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/141

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Et sans ployer jamais tes épaules nerveuses
Soutiens le Disque d’or, forgé d’un métal neuf !

Salut, grand Epervier des sphères éternelles,
Seigneur des Horizons, qui parcours en ton vol
Le chemin journalier des Eaux originelles !
Le collier d’Urœus rampe autour de ton col,
Et, du nord au midi, l’immensité du sol
S’illumine et renaît au feu de tes Prunelles.

La Terre, à ton réveil, devant ta Majesté
S’épanouit d’espoir et tressaille de joie,
O Voyageur divin de l’air illimité !
Lorsque, guidant ta barque et croisant dans ta voie,
Tu fais sur l’univers, où ta force flamboie,
De ta parole, ô Saint, jaillir la Vérité !

O Soleil, en ton âme immortelle et profonde
L’Ame du Dieu caché se manifeste au jour.
Et toi seul, ô Taureau, Régulateur du monde,
Multipliant l’Espèce et l’enivrant d’amour,
Tu gardes la substance et remplis tour à tour
De tes créations l’éternité féconde.

Sans toi, sans le regard de ton limpide éclair,
Toute forme vivante au sein de la nature,
Tout oiseau, tout poisson, tout être et toute chair,
Tout Dieu, néant abject laissé sans sépulture,
Serait comme un cadavre où, dans la pourriture,
Se croise horriblement le noir sillon du ver.