Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/189

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Dans la plaine brûlante où je gardais ma vigne
Sous le soleil, parmi les tentes de Qédar,
Quand j’entendis sa voix et j’aperçus son signe,
Mes désirs altérés l’ont suivi dans son char.

Le Roi m’a fait entrer dans la plus riche salle
Du palais solitaire, aux lambris de cyprès,
Où je suis, près de lui, pareille à la cavale
Qui vient de Miçraïm et bondit dans les traits.

Il m’a dit que je suis plus belle
Que Thirça ; que mes yeux sont comme les bassins
Où pleut l’eau de Heschbon, et que mes jeunes seins
Sont les jumeaux d’une gazelle.

Mais lui, quand il se lève et s’approche, apparaît
Sur la foule des jeunes hommes,
Comme un pommier, rouge de pommes.
Sur les arbres de la forêt.

Ses lèvres, où les lis éclosent,
Sont des jardins fleuris ; ses yeux
Sont des colombes qui se posent
Au bord d’un vase précieux.

Ses reins sont un rempart d’ivoire
Et ses jambes des piliers d’or ;
Son front se dresse dans la gloire
Comme la cime du Thabor.