Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/228

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Voici. J’avais créé les Divinités pures,
Les Dieux spirituels, les Phravasis futures,
Les Amésas-Çpentas, puissants et vénérés,
Mitra le Vigilant, Dieu des serments jurés,
Qui surgit avant tous au sommet des montagnes,
Véridique, fécond, favorable aux campagnes,
Victorieux, à qui les combattants rivaux
Offrent le sacrifice, au dos de leurs chevaux ;
Et Çraosa le saint et les Esprits sans nombre
Dont je peuplai l’espace et l’immensité sombre.
Mon antique ennemi, chef des Dévas hurlants.
Au profond de l’enfer cachait, pour neuf mille ans,
L’inutile fureur des Drujes convulsives.
Mais façonnant en paix mes œuvres successives,
Contre Anro-Mainyous, tel qu’un nouveau rempart,
Je fondai l’univers et j’en marquai ma part.
Le ciel, mon plus parfait et mon premier ouvrage,
Le ciel tumultueux, caverne de l’orage,
Le grand ciel, tour à tour pâlissant et vermeil,
Où la lune des mois nage avec le soleil,
Nocturne, solitaire, immense, emplit l’Espace.
Puis les divines eaux, que le nuage amasse,
Ruisselèrent sans fin du gouffre universel,
Et la Terre monta dans le vide éternel.
Le sol joyeux fuma sous les moissons fleuries,
Et le vent enivré du parfum des prairies
Chanta dans l’épaisseur des taillis printaniers.
Dans leurs lits bien tracés les fleuves prisonniers
Inépuisablement roulaient leurs ondes fraîches.