Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/230

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mondes corporels
Dans le repos promis aux races fortunées,
Quand Anro-Mainyous, après trois mille années,
Rompant la trêve auguste, écuma dans la nuit,
Et sifflant de fureur sur le chaos détruit,
De sa puissance vaine accumulant les restes,
Opposa ses Dévas aux Yazatas célestes.
Un frisson de terreur secoua l’univers,
Lorsque, sanglant et noir, s’ouvrit l’œil du Pervers ;
Et comme aux jours maudits de la lutte première,
L’ombre du Meurtrier obscurcit ma lumière.
O Régions du monde ! ô bienheureux séjours !
Terres qu’illuminait le ciel des anciens jours,
Aurores qui versiez du haut des coteaux roses
Vos limpides clartés sur le matin des choses,
Vergers, sources, torrents qui descendiez des monts !
Ce fut l’heure implacable où le vol des Démons,
Fils d’Anro-Mainyous, tourbillonna sans trêve.
Comme un nuage épais que l’ouragan soulève,
Les Drujes, les Dévas, les sombres Légions
Sur le champ dévasté des Seize Régions
S’abattirent ; le mal croissait comme un ulcère.
Azi, les Pairikas, l’éternel Adversaire,
Tous accouraient, tandis qu’en décombres poudreux
La Vie agonisante expirait derrière eux.

Mais sans cesse attentif à mon labeur sublime,
Par un bienfait nouveau vengeant un nouveau crime,