Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/233

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Fils de Vivanhao, lumineux Yïma,
Sers-moi ! Premier pasteur, sois mon premier prophète.
Promulgateur choisi de ma Règle parfaite,
Va comme un messager qui propage en tout lieu
La flamme inextinguible et les autels du Feu. —
Mais le pur Yïma me répondit : — Toi-même,
M’as-tu créé gardien de ton œuvre suprême,
O Mazdâ ? Quel vivant défendra désormais
Dans ta création les êtres que j’aimais ?
Quel autre, dispersant le vol des Drujes noires,
Étendra mon royaume et les vieux territoires,
Si, promulguant ta Loi sous le ciel étranger,
Je suis comme un prophète et comme un messager ?
Laisse-moi paître encor mes troupeaux et protège
Mon royaume, ô Mazdâ ! sans hiver et sans neige,
Sans qu’un torride été brûle mon champ doré,
Sans que rien n’y périsse ; et je te servirai ! —
— Que selon ton désir, que selon ta prière,
S’élargisse, Yïma, la terre nourricière,
Dis-je. — Et je lui donnai, comme un double trésor,
L’éclatante charrue avec l’aiguillon d’or.
Et la terre, à nouveau stérile et trop couverte
De bêtes et d’humains, par six fois entr’ouverte,
S’agrandit sans relâche, et son immensité
Fleurit dans la douceur d’un immuable été.
D’autres siècles encore au fond du temps antique
S’étaient évanouis, quand ma voix prophétique,
Rappelant Yïma, dit : — Écoute, ô Pasteur !