Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/245

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Quand Ahoûra-Mazdâ, dans la Terre parfaite,
Dit : — Prépare et conduis le cœur de mon Prophète,
Le Saint Zarathoustra, selon ma volonté. —
Elle entendit le vœu du Créateur antique ;
Et l'âme de l’Élu, comme un rameau mystique,
Fleurit dans le devoir et la sérénité.

Quand le pasteur brillant, Yïma, sur les crêtes
Des monts où l’eau ruisselle, offrit dix mille têtes
De bétail, mille bœufs avec cent étalons,
L’abondance éternelle emplit la terre auguste ;
Et les noirs Karapans, mutilés par le Juste,
D’une bave impuissante ont souillé ses talons.

Devant Ardvi-Çoûra s’enfuit et meurt la Druje ;
Dans l’implacable nuit les Dévas sans refuge,
Comme un peuple effaré, tournent éperdument.
J’honore Ardvi-Çoûra, majestueuse, pure,
A la sandale d’or, à la vaste ceinture,
Dont la mitre divine orne le front charmant.

Le bareçma léger fleurit dans sa main droite ;
Ses deux seins gracieux gonflent sa robe étroite ;
L’émeraude étincelle autour de ses’ colliers,
Et la peau des castors, choisie au temps propice,
Cousue en fils d’argent, resplendissante et lisse,
Sur ses pieds virginaux tombe en plis réguliers.