Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/85

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Et le Roi s’éveilla. Lentement dans la salle
Il promène au hasard ses yeux pesants et durs,
Comme cherchant, au fond de l’ombre colossale,
Le songe encor flottant dans les angles des murs.

Il se lève, et d’un pied brutal et fort repousse
Les deux fauves gardiens de son lit délaissé,
Qui font luire, au travers de leur crinière rousse,
La blancheur de leurs crocs sous le mufle plissé.

Aux cris du Roi, vibrant sous les arcades sourdes,
Les eunuques et les esclaves sont entrés ;
Et leurs bras éperdus relevant les peaux lourdes,
Le jour éblouissant ruisselle en flots dorés.

Les Protecteurs sont là, près des portes massives,
Les yeux toujours ouverts, sculptés selon leur rang :
Adar étouffe encore en ses mains convulsives
Le monstre exaspéré qui le griffe en mourant.

Zarpanit offre encore aux voluptés sans bornes
Sa poitrine de marbre et son ventre divin ;
Bel, assis et le front hérissé des six cornes,
Regarde le Taureau dressé qui lutte en vain.

Alors devant ses Dieux de pierre et de basalte,
Chassant l’effroi du songe au réveil emporté,
Nabou-koudour-ousour en son cœur fier exalte
La gloire de son nom et de sa majesté.