Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/95

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Or le Dieu tressaillit sur son trône, et voilà
Qu’il se dressa, criant d’une voix âpre et forte
Dont le temple éternel comme un roseau trembla :

— La foudre éclate au nord et l’ouragan l’apporte !
Malheur sur le Pays ! Malheur sur Babilou !
Sur la cité qui gît dans sa majesté morte !

Malheur sur le Pays, sur le Roi jeune et fou
Qui chancelle et pâlit aux bras des étrangères
Et marche dans le sang fumant jusqu’au genou !

Comme il arrache et tord les étoffes légères
Sur leurs flancs arrondis, tel sera lacéré
Son vêtement de gloire aux pourpres mensongères.

Sa royauté sera comme un mur effondré,
Son cœur comme un cloaque et sa force pareille
A celle d’un chevreau que le tigre a flairé.

Les rires des vainqueurs riront à son oreille,
Et sa ville royale et son toit triomphant
Sembleront un rucher que déserte l’abeille.

Tel qu’un vaisseau pourri qui chavire et se fend
Son trône va sombrer ; sa lance obscure et terne
Sera comme un fétu dans la main d’un enfant.