Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/98

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Malheur ! J’entends marcher la nation perverse,
Et de son lourd sabot broyant peuples et murs,
Hors des monts de Mâdaï, bondir le mulet Perse.

Il accourt, le Pasteur formidable, aux yeux durs,
Poussant comme un troupeau dans le désert aride
Les poudreux tourbillons de ses guerriers impurs ;

Celui qui monte en char et qui tient par la bride
Les chevaux de Mithra, dont le poil est vermeil,
Le grand Roi, Roi des Rois, Kouraš, Akhéménide ;

Celui qui va, semblable au loup rôdeur, pareil
Au voleur se glissant par la porte du Fleuve,
De ton sang, ô ma Ville, inonder ton sommeil.

Tels que des boucs lascifs dans une étable neuve,
Ardents et bousculés vers tes enclos ouverts,
Les rouges cavaliers foulent ton lit de veuve.

Voici les Chefs, laissant de leurs morts découverts
Se pourrir, aux sommets, la chair nauséabonde,
Comme un festin servi pour les chiens et les vers ;

Les ravageurs des parcs où la gazelle abonde,
Dont, à travers les monts, le fouet d’Auramazdâ
Excite vers tes champs la horde vagabonde.