Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/11

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plus violente. Les Hassidim firent retentir contre eux toutes les imprécations des anciens prophètes. Les discussions religieuses cachèrent des compétitions politiques ; deux partis, celui des modérés et celui des intransigeants, ne cessèrent plus de lutter, jusqu’à l’heure la Cité sainte, victime des Zélotes et des Sicaires, s’écroula dans les flammes.

Si Israël subit vraiment l’influence de l’Hellénisme, celle qu’il lui communiqua ne fut pas moindre. Quel fut l’apport réciproque ? D’une part, une morale plus douce et plus personnelle, l’idée de la liberté et de la responsabilité consciente, le sentiment de l’harmonie universelle ; de l’autre, le dogme du monothéisme.

Jamais peut-être à aucune époque, le monde ne traversa une crise religieuse plus grave et plus décisive. Du mélange de la pensée hellénique et de la pensée juive allait naître inconsciemment, dans les bourgs de Judée, une doctrine idéale, fille sans doute de l’Essénisme, dans laquelle l’Orient et l’Occident devaient vivre et se reposer en pleine sécurité, jusqu’au jour la raison, jamais satisfaite, poserait à leur quiétude cette sombre et redoutable question : « O vous, qui, meurtriers d’innombrables Dieux, n’en adorez plus qu’un seul, mortels, est-il un Dieu ? »

Mais voici l’heure grave ; voici l’aube sévère des temps nouveaux ; voici que Iohanan a poussé le dernier cri d’anathème et a salué le Messie d’Israël ; voici que brusquement arraché à son rêve de paix et d’amour, Celui qui vient, le Fils de l’Homme, annonce aux âmes indécises la parole de