Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/146

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Partout, depuis les temps, entassés sur les rives,
Des greniers, des palais, des tombeaux anciens,
Sanctuaires nouveaux, temples égyptiens,
Colonnes de porphyre, autels de marbres jaunes,
Portiques adossant à de vastes pylônes
L’ordre grec des piliers et des blancs chapiteaux.

Et le soleil, criblant les toits monumentaux,
D’une implacable flamme embrase Alexandrie.
Mais la ville est sinistré et morne. Encor meurtrie,
La cité merveilleuse où siégeaient autrefois
La majesté des Dieux et la splendeur des Rois,
Semble un camp belliqueux plein de guerriers barbares.
Le sang sur les pavés se fige en sombres mares ;
Et, de l’aurore au soir, sonne sur les chemins
Le pas égal et lourd des fantassins romains,
Tandis que, dominant les places et les rues,
Se dressent au milieu des piques apparues
Et des arcs triomphaux, faits dé cuirasses d’or,
Les enseignes d’airain du jeune Imperator.

Il est vainqueur et seul. Les populaces viles
Ont enivré César de leurs rumeurs serviles..
Les sages, désertant les jardins studieux,
L’ont proclamé divin, auguste et cher aux Dieux.
La Fortune fidèle a couronné sa tête,
Et le retour est proche, et bientôt Rome en fête,
Préparant le triomphe et lé laurier promis,
Verra, parmi la foule et les rois ennemis,