Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/211

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Ici, niant les Dieux et leur culte éphémère
Que les siècles et l’homme ont à la fois miné,
Un sophiste moqueur, évoquant Evhémère,
Montre Zeus impudique et Bakkhos aviné.

Ici, délivrant l’âme, un nouvel Épicure
Consacre au seul plaisir des autels indulgents ;
Là, le sceptique au sein de la morale obscure
Ne voit qu’une ombre immense et des destins changeants.

Là-bas, contre les lois un cynique s’insurge,
Et plus loin, murmurant d’inexplicables mots,
A l’angle du Portique, un maigre thaumaturge
Plane à trois pieds du sol et guérit tous les maux.

Tels, de l’aurore au soir, cultes, mythes, systèmes,
Dernières fleurs du rêve et du génie humain,
Enivrent la cité de leurs parfums suprêmes
Qu’un souffle, oriental dispersera demain.

Et les subtiles voix tentaient la foule éparse,
Et les groupes erraient plus nombreux, et voilà
Que sans crainte, debout devant tous, Paul de Tarse,
A l’heure où le soleil décline et meurt, parla :

— Parmi les nations, aucune, Hommes d’Athènes,
N’ouvre un plus sûr asile à la Divinité ;
Et nul peuple, ébloui de visions lointaines,
Ne nourrit plus d’espoir en son cœur agité.