Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/241

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La nuit respectueuse, en son vol obscurci,
A replié son ailé et n’entre point ici.
Il n’est pas de soleil comme il n’est pas de lune
Éclairant la Cité d’une clarté commune ;
Car tout flambeau s’éteint et tout astre pâlit
Devant l’éclat nouveau du rayon qui l’emplit ;
Et guidés par sa lampe ardente et coutumière,
Les peuples et les Rois marchent à sa lumière.
Anges, ne fermez pas les portes devant eux !

Laissez venir les Purs et boire aux flots laiteux
Que le Trône divin de ses degrés épanche,
Ceux dont le nom vivant luit sur la page blanche.
Laissez les Serviteurs dans la Ville introduits,
Au bord du Fleuve saint, cueillir les douze fruits
Que mûriront les mois sur l’Arbre des Délices.
Laissez les nations, laissez les Rois complices,
Par la vertu de l’Arbre et de sa frondaison,
Dans les rameaux touffus chercher la guérison.

Et toi, Jérusalem, seul temple, forteresse
De justice et de foi, grandis, prospère et dresse
Ton front miraculeux sur le Mont du Salut I
Tabernacle d’amour que le Seigneur élut,
Abritant pour jamais la race fortunée,
Monte dans ta splendeur, Cité prédestinée,
Et plus belle à nos yeux que le jardin d’Éden,
Fleuris dans la lumière impérissable ! Amen !