Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/34

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Des princes d’Orient et des peuples farouches.
Il vient. Huit chevaux blancs accouplés, dont les bouches
D’une écume rebelle ensanglantent les freins,
Aux sabots peints d’argent, aux fronts brillants, aux crins
Tressés et mélangés de guirlandes fleuries,
Traînent le vaste char que des tapisseries
Et des voiles flottants ornent des deux côtés.
Il s’avance. La peau des tigres tachetés,
Ondulant sur son dos, couvre ses flancs d’albâtre.
Le pampre le couronne, et le lierre verdâtre,
S’échappant des cheveux, étreint son col fardé ;
Sa main droite brandit le thyrse enguirlandé,
Et l’autre se soulève et, languissante, frôle
Le bel Héphaestiôn penché sur son épaule.

Aux bords ornés de clous du grand chariot plat
Pendent les armes d’or du Héros, et l’éclat
Du glaive et de l’armure et du casque sonore
Est pareil aux rayons de la rapide aurore
Sur les penchants neigeux des monts illuminés.
Aux angles, s’élançant des trépieds contournés,
Ondule la vapeur des parfums salutaires ;
Et le vin toujours frais rougit dans les cratères,
Et des lyres, vibrant sous d’invisibles doigts,
D’un rhythme exaspéré pressent le chant des voix.

Alentour, enlaçant les danses convulsives,
Un chœur voluptueux de bacchantes lascives,
Les bras cerclés d’anneaux, seins nus, cheveux épars,