Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/36

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Ont tracé les combats des Héros et des Dieux
Que, sous des noms divers, en de multiples lieux,
Les Aèdes divins ont chantés sur la lyre.
Et partout, aux parois, l’ivoire et le porphyre,
Gemmes, émaux, métaux, marbres et bas-reliefs
Étincellent. Des lits, préparés pour les chefs,
Tordent leurs pieds d’argent et, rangés côte à côte,
Entourent le lit d’or sur une estrade haute
Où le Roi couronné s’étend, la coupe en main.

L’ivresse éclate et croît au banquet surhumain
Où siègent cent héros et neuf mille convives.
Les sangliers rôtis, les bœufs cuits, les chairs vives
Fument. Le rouge éclair des vacillants flambeaux
D’un reflet plus sanglant teint la viande en lambeaux ;
Et les vins parfumés, versés par les esclaves,
Comme aux flancs de l’Etna roulent les sombres laves,
De flots glissants et noirs sillonnent le pavé.

Mais le Roi, tel que Zeus, commande et s’est levé.
Un silence pieux emplit la vaste enceinte
Tandis que, répandant la libation sainte,
Alexandre lui-même invoque tous les Dieux :

— Salut à vous d’abord, Daimones radieux,
A qui j’offre le vin de la coupe fleurie !
Salut, ô père Zeus, qui, loin de la patrie,
Ouvres au voyageur un seuil hospitalier !
Salut à toi, Phoibos, dont l’éclat journalier