O productrice, ô mère, ô féconde, ô Nature ;
D’immobiles forêts hérissent ta ceinture
Où pullulent les animaux ;
Tu vois de noirs taureaux se cabrer sur ta gaîne
Et des lions ramper vers ta gorge sereine
Parmi les fleurs et les rameaux.
Oupis ! ton corps scellé dans la gaîne de pierre
Est pareil à l’esprit captif dans la matière.
Sur le disque de bronze où luit un croissant d’or,
Ton front, chargé de tours, laisse ondoyer encor
Tes cheveux aux boucles jumelles,
Et ta vaste poitrine, ainsi qu’un réservoir,
Offre à toutes les soifs le lait que fait pleuvoir
Le triple rang de tes mamelles.
Oupis ! la Moire est grave et file un triple sort :
La naissance, la vie et l’implacable mort.
O Secrète ! tu sais les formules utiles
Qu’en des siècles sans nom cachèrent les Dactyles
Sous la base de tes autels ;
Lumière, obscurité, lettres éphésiennes,
Où rayonnait jadis pour les races anciennes
Le sens des mots sacramentels !
Oupis ! l’initié seul en tremblant déplace
Le voile de sagesse épaissi sur ta face.
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