Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/65

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Et c’est près de Cnossos, aux paisibles haleines,
Que sur les pâles fleurs coula ton sang vermeil,
Et que, couvrant leurs bras, les Nymphes Dictéennes
Et la douce Adrastée ont bercé ton sommeil.

Sur l’Ida parfumé, riche en herbes secrètes,
L’abeille Panacris cueillait un miel plus doux ;
Et, dansant devant toi, les bondissants Kurètes
         Heurtaient leurs armes à grands coups.

Tel, enfant, oublié dans la sombre demeure,
De l’avide Kronos immortel Rejeton,
Déjà prudent et mûr, tu grandis jusqu’à l’heure
Où le poil juvénile ombragea ton menton.

O Poètes ! nul sort n’a choisi l’héritage,
Ni, disputant à Zeus le trône universel,
Aveuglément marqué les trois lots du partage
         De l’Hadès, des Eaux, et du Ciel.

Règne, ô Zeus, et commande à l’Ouranos céleste !
Dédaignant les mortels, chanteurs, guerriers, marins,
Dirige les Rois seuls ; accorde et manifeste
Ta splendeur souveraine aux Héros souverains !

Qu’Héphaistos soit propice à ses robustes aides,
Arès, à qui bondit aux combats meurtriers,
Artémis au chasseur, et Phoibos aux aèdes,
         Moissonneurs des divins lauriers.