Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/74

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Tout bruit cesse. Le chant des lyres musicales
Expire ; et lentement les rumeurs inégales,
Comme les flots lassés au bord des sables mous,
Meurent, l’une après l’autre, en de calmes remous.
Le Roi se lève, il parle :

                                         — Amis, je vous salue,
Au seuil de la cité par mes Pères élue !
Vous qui, sans crainte, au sein du repos studieux,
Goûtez aux mets choisis de la table des Dieux,
Et des sages anciens recueillant la pensée,
Faites fleurir Hellas à l’ombre du Musée !
O vous dont la parole et les hymnes savants,
Voltigeant d’âge en âge aux lèvres des vivants,
D’un immortel laurier consacrent la Victoire,
Chantez ! Par Apollon ! comme il est doux de boire,
Après les durs combats, le vin accoutumé,
Tel il convient d’offrir au guerrier désarmé
La coupe pacifique et le nectar limpide.
Chantez ! car il est digne, avant qu’un soir rapide
Ne monte d’un pied noir dans le ciel radieux,
D’honorer les Héros en célébrant les Dieux ! —

Ainsi, près de la mer, devant le grand Achille,
Pour le prix de la lutte ou de la course agile
Combattait jusqu’au soir la force des rivaux ;
Tels, du fouet, de la voix, excitant les chevaux,
Les chefs ambitieux heurtaient, dans la poussière,